J’arrive... finalement! Allez savoir comment sera ce pays!
D’ici, j’espère, quand la guerre fratricide s’éloignera de ma ville bien-aimée pouvoir…revenir dans ma patrie.
Je suis un étranger au milieu d’autres étrangers ...
- Halte! D’où venez-vous?
- Bonjour... bonjour...
-Oui bon ça va, un bonjour est suffisant... vos papiers!
- Voilà, monsieur le garde, c’est justement ce que je voulais dire...je les ai perdus...des pillards m’ont volé et dépouillé de tout et je n’ai sur moi que ces haillons que vous voyez...
-C’est bon! Alors casse-toi...retourne en arrière!
- Excusez-moi! Comment est-ce possible? Dans mon pays l’enfer se déchaîne, j’ai été banni de ma terre...quand je me suis enfui la faction opposée au gouvernement que je représentais voulait me tuer...si je reviens je suis un homme mort!
- Ah...j’ai compris...tu es
un réfugié...Puccio écris: “voleur en cavale, aspect dangereux, sans papiers... - Mais non monsieur...vous ne me comprenez pas, je me suis peut-être mal expliqué...j’ai traversé votre “forêt épaisse et vivante” avec cette dense foule d’amis pour...
- Ah cette charogne a carrément amené les parents habituels. Ne me dis pas non plus que tu penses envoyer faire appeler ta femme!
- Bah! Si seulement je le pouvais, mais malheureusement elle devra rester dans ma ville, mais c’est sûr que j’aimerais que mon fils Pietro et sa femme viennent habiter avec moi.
- Ecoute Puccio ! Un classique…un autre étranger qui exploite sa famille en pensant venir et faire ici le Monsieur. Mais qui est-ce que vous vous croyez, racaille pouilleuse, qu’on vous donnera à manger gratuitement ?
- Tu as raison Nello ! Mais où allons-nous le mettre ?
- En taule naturellement ! C’est un clandestin et comme tel… un criminel…
- Mais excusez-moi messieurs…mais si vous demandez à la famille Polentani, ils pourront vous expliquer qui je suis. Il y a quelques temps j’ai été invité chez eux loro.
- Ecoute ça ! Si pour chaque réfugié nous allions demander à notre gouvernement nous finirions tous sur l’échafaud !
Les éclats de rire commençaient à grandir comme des limaces après la pluie, un des soldats ajouta : - Mais tu as au moins un métier ? Qu’est-ce que tu sais faire ?
- Je sais écrire ! Je suis un poète.
- Elle est bonne celle-là ! Regarde un peu ce vaurien comme il est affublé et qui a la prétention de se faire l’Amérique en faisant le poète ! Qu’est-ce que je m’en fais de ta poésie à la noix écrite dans une quelconque langue de merde ?
La nuit avait commencé à me rentrer dedans, l’obscurité me remplissait l’estomac…au milieu de tant d’autres désespérés je commençais à comprendre qu’il ne serait pas facile de m’adapter comme étranger dans ce pays étranger.
J’étais sur le point de laisser tomber…de rentrer chez moi…mais j’avais tout perdu… les forces me manquaient et le désespoir commença à me faire réciter un de mes chants préférés…
A la fin le silence m’illuminait. Les regards me soutenaient…
Le capitaine fit son apparition parmi la foule des gardes et proclama :
- Sales imbéciles ! Demandez à cet étranger comment il s’appelle :
- Monsieur quel nom déclarez-vous :
- Je suis Alighieri “le poète divin”