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Á ma terre

Dijana Pavlovic

Prise en otage par cette ville,
Je vis les émotions comme elles viennent,
Réfléchir est une tentative vaine.

Mais parfois, pour une raison inconnue,
Une fleur, ou peut-être les yeux d’une enfant,
Mon regard se voile au-delà des voitures et des gratte-ciel, Et ma terre me semble si près.

La route de la maison, sombre, hostile,
Où plusieurs fois on m’a volé les orties,
Un nuage de vers luisants qui m’a tant amusé,
Les mains de mon père qui
Laissent dans mes cheveux l’odeur de la terre humide,
La goutte de sueur de ma mère,
Etalée sur mon visage :
Elle m’a embrassée alors qu’elle déplumait un poulet.

Une larme silencieuse
Quand pour la première fois j’ai compris
Quel était le poids de la pauvreté
Quand pour la première fois j’ai voulu partir
Quand avec mon maigre bagage
J’ai embrassé mes parents
Et dit au revoir avec tant de rancœur à mon village
Parce que je pensais que les racines étaient une chaîne d’acier.

Maintenant je sais qu’à cette terre étrangère,
En héritage je laisserai seulement mon enfance triste.
Passée au milieu de femmes aux visages vivants et vieillis,
Et au milieu d’hommes aux grandes mains,
Au milieu d’enfants heureux et bariolés,
Ignares du masque de méchant qu’ils devront porter.
Au milieu de rires puissants qui t’expliquent la vie,
Et de pleurs sans larmes qui t’indiquent ton destin.

Sur une terre, comme une femme enceinte,
Malgré tout fertile, mais sans lait pour nourrir,
Généreuse, mais jamais souriante,
Sur une terre de peu de mots,
Parce que trop sérieux pour être prononcés.

Traduzione di Laurence Mazauric

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Anno 5, Numero 20
June 2008

 

 

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