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au sommet

clementina coppini

A
“Qu’est-ce que nous faisons ici?”, demanda Alì Gomaa dit Bagdad en regardant en-dessous de lui. « Mais, comment, excuse-moi, si c’est justement toi qui as insisté pour venir ? », répondit Nino.
Un bâtiment très haut et vide. Un trou, en fait, qui ne se développait pas sous la terre, mais au-dessus.
Sur chacune des quatre infinis murs verticaux un va et vient de monte-charges en file parallèles.
De simples estrades, sans protection pour les usagers.
Nino et Alì se trouvaient sur un de ces ascenseurs rudimentaires, et ils étaient en train de monter.
« Où est-ce qu’on va ? » demanda alors Alì.
« Mais quoi, c’est l’heure des questions existentielles ? On monte, tu ne vois pas ? ».
Le mouvement semblait, et était peut-être, lent. La montée provoquait cependant cette espèce de sens de vide qu’on ressent quand on avance rapidement vers le haut.
Alì s’aperçut d’avoir une corde et un marteau en main.
Nino avait des clous et une grosse tenaille.
Ils étaient pompiers et ces objets pouvaient faire partie des outils de leur métier.
A l’improviste Alì fut assailli d’un doute : « Nous sommes des pompiers, n’est-ce pas ? ».
« Mais qu’est-ce que tu as aujourd’hui ? Tu me fais peur quand tu te comportes de cette manière !Je n’aime pas ces plaisanteries, tu le sais. » Nino était en train de devenir nerveux.
Il se rappelait Nino. C’était son compagnon depuis toujours. Mais de quoi ? pompiers, c’étaient des pompiers. Pourtant, inexplicablement et curieusement ils ne portaient pas leur uniforme…
Ce qu’il ne comprenait pas était comment il avait fait pour arriver là. Amnésie ?
Nino sembla déchiffrer son regard interrogatif: “Il y a deux jours tu t’ es cogné violemment la tete, voilà pourquoi tu te sens confus. Les docteurs aux urgences ont dit que tu souffrirais de petits trous de mémoire pendant quelques temps. Ne t’inquiète pas. Et puis, mince, c’est de ta faute, tu n’as pas voulu te mettre en arrêt maladie ! »
Ah, oui le coup sur la tête. Ca avait été lorsqu’il sauvait un enfant pris au piège dans un bâtiment menaçant de s’écrouler. Un morceau de corniche lui était tombé sur le crâne. Heureusement que Nino avait réussi à lui prendre le petit des bras et le sortir de là . Comme c’est étrange. Un souvenir muet dans l’obscurité.
“Le tremblement de terre- Alì s’illumina- Il y a eu un tremblement de terre!”
« Malheureusement oui, Bagdad. C’est pour ça que nous n’avons pas pu te laisser dormir chez toi.
C’est l’enfer partout. La moitié de la ville s’est écroulée »
La moitié, dont ne faisait pas partie cet édifice qui était parfaitement intact. Il observa quelques minutes. Pas une lézarde ni une faille, à un premier coup d’ oeil superficiel. Mais cela pouvait ne pas être ainsi. La structure pouvait menacer l’écroulement. Ou bien il y avait le feu quelque part.
« Nous sommes en train d’aller éteindre un incendie ? » demanda Alì surtout pour dire quelque chose.
« Sans eau ? Si tu continues à poser ces questions, Bagdad, je crois que c’est moi qui finirai par t’en donner un , de coup sur la tête. »
« Et alors où est-ce qu’on va ? »
« Tu ne te rappelles pas, Alì ? Nous sommes en mission secrète. Nous allons faire exploser des mines. »
« Des mines ? »
Pendant ce temps l’ascenseur continuait à monter, mais on ne voyait pas l’arrivée.
De temps en temps ils croisaient d’autres ascenseurs, en montée ou en descente. Chacun d’eux avançait avec une vitesse différente, mais il n’y avait aucun autre passager à part eux.
Des raisons de sécurité, probablement. Alì réfléchissait et réfléchissait sans trouver la paix. Il ne réussissait pas à se rappeler pourquoi il était là, il ne réussissait pas à identifier parfaitement Nino, il ne réussissait pas non plus à comprendre pourquoi, avec un nom aussi court qu’Alì, on l’avait surnommé Bagdad. Et puis lui il était originaire de l’Egypte, pas de l’Irak. Le temple d’Ashepsut sous une des si nombreuses journées ensoleillées de son pays lui vint à l’esprit.
Mais pourquoi l’édifice était complètement vide à l’intérieur ? Que signifiaient ces monte-charge occupés dans des voyages fous à parcourir ces quatre murs si longs ? C’était une fosse qui s’enfonçait  au contraire, de la terre vers le haut plutôt que vers le bas.
Ali avait dû la cogner vraiment fort, sa caboche.
« Je ne me rappelle pas bien de quelle mission il s’agit » dit-il à Nino.
« Moi non plus – répondit son compagnon- Si je l’avais su, je n’aurais probablement pas accepté. On nous a seulement dit d’arriver au sommet. Et qu’une fois là-haut on comprendrait ». Nino montra du doigt vers le haut.
Il semblait manquer peu, mais aucun des deux n’en aurait juré. C’était comme si la partie terminale avait été enveloppée par le brouillard, comme si il n’y avait pas de visibilité. Etrange, dans un bâtiment. D’ailleurs l’édifice aussi en soi était étrange. Sa fonction était inexplicable, comme l’était leur fonction.
Ils étaient comme deux particules dans un trou qui semblait l’abysse. « L’abysse au fond n’est qu’une descente infinie. C’est aussi une montée infinie », observa Bagdad.
« Tu te sens bien ? Tu as encore la tête qui tourne ?, demanda Nino.
« Oui, ça doit être pour ça que je me sens si philosophe ». Alì regarda vers le bas et ne réussit pas à comprendre où commençait le sol et ni même si il y avait un sol. Très, très loin il semblait qu’il y avait une spirale, comme un tourbillon qui s’enroulait sur lui-même en faisant surgir ces murs infinis. Ce n’était peut-être qu’un effet optique du sol.
« C’est peut-être le traumatisme crânien », réfléchit-il à haute voix.
« Qu’est-ce que tu dis ? »
« Rien, Nino. Rien. » Cette fois, en prononçant ce nom il se le rappela comme familier, comme si il l’avait dit des milliers de fois, comme si les deux syllabes se détachaient directement d’un filament de son être. Oui, c’était un ami. Ou alors son être était désormais complètement effiloché.
La mission était donc de monter.
« Pourquoi tu crois que cet endroit est fait ainsi ? »
« Pas de questions, Alì. Concentre-toi sur le haut »
« Nous devons faire exploser des mines. Et à la hâte ». Le génie démineur! Voilà quel était son travail !Il s’en était rappelé à la fin. Mais quelles mines devaient-ils faire exploser ? Ils n’avaient même pas l’équipement.
« Le reste aussi c’est en haut ? », demanda-t-il.
« Quoi ? », demanda Nino.
« Les outils »
« Ah je vois que la mémoire est en train de te revenir. Quoi qu’il en soit ils sont là, ils sont là à coté de toi. »
« Où? ». Alì regarda en bas et vit qu’effectivement il y avait un gros sac rouge avec de fines rayures bleues. Il aurait juré sur sa tête qu’il n’y était pas une minute avant, mais peut-être, vues ses conditions mentales, qu’il valait mieux ne pas prendre d’engagements avec sa propre vie. Il se baissa pour l’ouvrir.
« Nous sommes arrivés », dit Nino.
Le monte-charge eut un soubresaut. Mieux, il sembla que tout l’édifice avait sursauté. Alì eut un violent vertige, il émit un gémissement et s’évanouit.

B
“Alì! Alì! Mince, Bagdad, ouvre les yeux! »
Les mots traversèrent la bulle d’inconscience dans laquelle était tombé Alì, qui se réveilla. Il avait dormi ou le sommeil avait été un rêve ? Le pauvre homme mit un peu de temps pour reprendre le contrôle de ses membres et de la parole, il se releva avec une grande difficulté et marmotta un « j’ai la tête qui tourne ».
« Pauvre Alì, tu vas vraiment pas bien, non? Courage, on va arriver dans quelques minutes au rez-de-chaussée et je t’accompagnerai aux urgences »
« Mais pourquoi le rez-de-chaussée ? On ne devait pas monter ? Alì était confus. Il tendit l’œil vers le bord du monte-charge et il fut pris de nausées.
« Fais-moi confiance : on est en train de descendre », répéta Nino.
Bagdad se prit le visage dans les mains et se frotta les yeux du bout des doigts. A la fin sa vue était encore plus brouillée. N’étaient-ils jamais arrivés à destination ?
« Qu’est-ce qu’on a fait sur le toit ? », demanda-t-il à Nino.
« Ce que nous devions faire. Rien de plus, rien de moins »
« Nous avons fait exploser les mines ? il commençait à s’éclaircir les idées, dans les grandes lignes
« Naturellement »
« Mais on dirait qu’il ne s’est rien passé là dedans. Pas de fissures, ni le moindre grain de poussière volante”. Bagdad pensait que, à la suite de l’explosion sur le toit, on aurait dû voir quelque chose d’étrange dans l’édifice. Et pourtant non.
Alì regarda en bas. Le gros sac était là, et il semblait exactement pareil qu’avant. Pour quel motif aurait-il dû être différent ? Nino aussi était pareil qu’avant- et en quoi aurait-il dû changer ?- sauf qu’il avait les mains noires et les vêtements moins propres. Même ses mains étaient noires. Le toit devait être sale.
Il se rappela avoir souvent été dans ces conditions et que ça devait donc faire partie de son travail. Mais ce qu’il avait fait exactement, ce qu’il faisait exactement d’habitude, il ne réussissait pas à s’en rappeler. C’était comme si son existence se concentrait dans l’aller et le retour, et être par terre ou au sommet n’était qu’une chose accessoire. Il sentait plus l’oppression dans ses poumons générée par le mouvement de l’ascenseur que la difficulté de ses propres actes quotidiens
« Ca se voit clairement que je suis un pompier philosophe », grommela-t-il.
«C’est le cas de dire, mon cher Bagdad », rit Nino.
« Et la mission? »
« C’était de faire exploser les mines, tu ne te rappelles pas? Ma parole, Bagdad tu as pris un sacré coup. »
« Tu dis que je dois aller aux urgences ? »
« Je t’avais dit que je t’y emmènerais, tu ne te rappelles pas ?- Nino était maintenant désespéré- ça va, laissons tomber ».
Mais Alì insistait pour comprendre : « Donc, Nino, en résumant, nous sommes arrivés au sommet sans que je m’en sois rendu compte et nous avons fait exploser les mines, toi et moi, - arrête-moi si je me trompe- et maintenant nous sommes en train de revenir en arrière dans la ville dévastée par le tremblement de terre ».
« Tu me suis jusque là ? »
« Oui mais où est fini le reste ? Je ne sais même pas si nous nous sommes rendus, si nous avons désisté ou si nous avons accompli notre mission ».
« Mais si je t’ai bien dit mille fois que nous avons fait ce que nous devions faire ? », souffla Nino, qui ne savait plus quoi dire, il avait envie de lui donner une gifle pour le cas où il se reprendrait ainsi de cette insupportable crise d’identité, et pourtant il se disait d’ être patient, qu’ils trouveraient un docteur bien vite. Nino prit Alì par le bras et essaya de le secouer. Alì s’évanouit.
Quand il se réveilla pour la énième fois avec son énième mal de tete, Bagdad se trouvait dans la même situation sur le même maudit ascenseur. Seule différence : Nino saignait du ventre, mais il était debout.
« Mon Dieu, Nino, qu’est-ce qui t’est arrivé?”, il s’approcha de lui terrorisé.
« Ce n’est rien Alì, c’est seulement une goutte de sang. »
“Mais comment une goutte? Il faut arrêter l’hémorragie, tout de suite »
Alì s’approcha de Nino, le fit s’étendre, lui donna à boire et essaya de regarder sa blessure.
Nino l’éloigna d’un geste méchant : «  Ne me touche pas. Je t’ai dit que ce n’est rien »
« «Je t’en prie, mon ami. Laisse-toi aider. Mais comment… ? »
“ Même moi je n’ai même pas compris. J’étais là et tout d’un coup un éclat de métal est arrivé et m’a touché »
« Un éclat de métal ? Grand comment ? ». Alì craignait que d’autres puissent arriver, mais il avait surtout peur de rester seul. Voir Nino se recouvrir de rouge lui faisait peur, car cet homme lui donnait une sécurité, c’était son unique point de référence dans cet ascenseur.
« Ce n’est rien, je te l’ai déjà dit. On sera bientôt à terre et nous nous faisons soigner tous les deux. Maintenant boucle-la. Nino n’était pas fâché. Il dissimulait sa frayeur, et plutôt assez mal.
« Mais qu’est-ce qu’il y avait là-haut?”, demanda Alì. Question idiote, car ils étaient de routes façons en train de descendre. La question qui montait dans la gorge d’Alì ne pouvait se faire voix, ne devait pas se faire forte. Il la susurra à lui-même pour s’en libérer : « Qu’est-ce qu’il y a là-dessous ? »

C
“Excuse-moi, Nino, tout ça c’est à cause de cette maudite amnésie!”, dit-il et il lui donna une claque sur l’épaule. Mais il n’avait pas d’épaule. Et ni de dos, et ni même de Nino. Il était en train de descendre avec un être immatériel. « Mais, mais, mais, mais tu n’existes pas ! ». Alì n’arrivait pas à respirer.
« Arrête de dire des idioties ! », explosa Nino.
Bagdad fixait son compagnon comme un fantôme. Car celui-ci était en effet un fantôme, tué par un éclat fou tiré depuis le néant ou bien né fantôme. Mais était-il vivant pendant la montée? « N’a-t-il jamais été vivant ? L’ai-je vraiment connu ?». Alì se sentait de pire en pire, comme si il était sur le point de s’évanouir, pour ne pas changer.
Mais que sont cette descente sans fin et cette montée sans fin en compagnie d’être aussi immatériels et aussi extraordinairement efficaces ? Une piqûre d’épingle passa de son cervelet à toute l’épine dorsale, lui perforant chaque nerf.
 « Je ne comprends pas », susurra-t-il. Même crier n’avait que bien peu de sens, quand on en était à ce point. « Mais d’un autre coté ma grand-mère, qui m’a élevé puisque je n’avais pas de parents, me disait toujours que les papiers ne sont jamais écrits jusqu’à la fin et que c’est pour ça qu’il faut toujours y arriver, à la fin, pour savoir ».
Savoir quoi ? « Par exemple où est la fin. Par exemple pourquoi mon collègue est un fantôme. Je vais avoir le soupçon d’en être un moi aussi ». Non, Bagdad n’était pas un fantôme, au moins pour le moment.
Ali était vivant.
Il souffrait peut-être d’un problème de double personnalité qui lui confondait l’esprit. Il était Alì et il était aussi Bagdad. Ou peut-être son trouble s’étendait à une troisième personnalité, celle du fantôme Nino.
« Je devrais peut-être simplement me jeter de ce maudit monte-charge et me faire tourner la tete une fois pour toutes ».
« Tu veux arrêter ? », s’entremit Nino.
« Ah, mais tu es encore là ? » Bagdad pensait que pour une raison ou une autre Nino avait disparu pour toujours. Il était pourtant là, lui, sa troisième personnalité, saignante comme toujours et comme toujours si sage. L’envie soudaine de retourner en Egypte le prit : « Oui, dès que je me remettrai je retournerai à la maison ». Dès qu’il serait sorti de l’abysse il retournerait dans le désert. Il ne regarderait que les nuages, seulement ceux-ci.
Et il se rappellerait, il en était certain. Au sommet il y avait certainement une réponse, mais pas au sommet de cette longue boîte dans laquelle il se trouvait. Elle devait être au sommet du ciel, forcément.
Dans l’effort d’imaginer ce qu’il avait désormais du mal à percevoir, il s’évanouit de nouveau.
« Alì, Bagdad, Alì réveille-toi nom de nom !», criait Nino.
« Euh, quoi ? Qu’est-ce qui se passe?”, Alì ouvrit un œil avec difficulté .
« Nous sommes arrivés, Bagdad. Nous sommes arrivés ».
« Vraiment ? Et où? »
« Au rez-de-chaussée, Alì, au rez-de-chaussée. »
« Alors elle existait, cette arrivée ». Alì sentit que ses forces lui revenaient et il lui sembla même être immobile.
Il se leva, regarda autour de lui et vit le sol.
« J’ai peur de descendre », avoua-t-il.
« Et pourquoi ? », s’étonna Nino.
« Je ne le sais pas. Je ne me rappelle que de l’Egypte ». Il dit une bêtise pour dire quelque chose.
Mais en y réfléchissant bien, c’était vrai. Il ne se rappelait que de l’Egypte.
Il y réfléchit pour un bon moment, avant de poser le pied et d’abandonner pour toujours le monte-charge. Maintenant qu’il était de nouveau au rez-de-chaussée il regrettait presque de renoncer à la possibilité d’un autre voyage inexplicable vers le sommet.
« Allez, remue-toi, l’ambulance nous attend », le secoua Nino.
« Mais toi tu es mort. A quoi ça te sert d’aller à l’hôpital ? »
« Ecoute, ferme-la et bouge-toi. On en parlera plus tard », coupa Nino.
Alì dit Bagdad, avec le doute d’ être Nino, suivit son fantôme et sortit de scène, se dirigeant vers les urgences les plus proches. Tout s’était résolu, mis à part le doute sur la substance de ce qu’il y avait en haut.
La vérité ? Il devait avoir plus ou moins trois personnalités.
C’est un lieu de passage sans issues, un ascenseur qui monte et qui descend et qui n’a pas l’intention d’arriver. C’est un désert avec des nuages d’incommensurable ouverture alaire. Un moment d’inconscience illuminée.
Le sommet n’existe pas. Il n’existe que la montée.
Et si le sommet existe quand même, on y arrive évanoui.

Traduit par M.Spazzi

Clementina Coppini est née à Milan. Diplômée en lettres classiques, elle a écrit de nombreuses années des livres pour enfants pour Dami Editore, parmi lesquels la collection "Mamma, raccontami una storia" et une série de réductions des classiques de la littérature, y compris l’Odyssée, pour les petits . Elle a publié La guida insolita di Milano et La guida insolita della Lombardia(Newton Compton), I Lombardi e i Veneti (collection guide xenofobe, Edizioni Sonda). Elle traduit parfois des textes depuis l’anglais pour le Battello a Vapore. Elle travaille actuellement pour quelques revues imprimées et on line ("mondointasca.org", "Vie del Gusto", "Genteviaggi", "Class", "Vivere") et elle a commencé depuis un mois à publier ses récits sur son site dols.net.

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Anno 4, Numero 18
December 2007

 

 

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