Et si les ethnologues étaient des gardiens de nuit ? ou de moutons ?
« L’opinion selon laquelle la masturbation est nuisible
est étayée par des observations faites par un critique
tout à fait objectif [sic] selon lequel l’abêtissement
ultérieur des jeunes Arabes était dû à la masturbation
excessive et pratiquée sans aucune inhibition III. 62. »
Sigmund Freud cité in
« Le crépuscule d’une idole - l’affabulation freudienne »
de Michel Onfray - Ed. Bernard Grasset – 2010
Chère Manu,
j’espère que mon email te trouvera en bonne forme et pleine d’énergie et de sourires… j’espère aussi qu’il est encore temps pour t’envoyer mes impressions au sujet de ton article.
J’espère enfin que tu comprendras mon retard: j’avais un peu trop de choses à faire avec des échéances un peu trop brèves, « étroites »…
Mais avant de te faire part de mes impressions, je t’invite à lire la lettre à Cinzia que je rapporte ci-dessous, et à me dire à ton tour ce que tu en penses.
Je dois t’avouer d’emblée que ton article m’a laissé un arrière-goût d’inachevé : tu as posé des prémisses mais personnellement je n’ai pas pu voir des conclusion.
C’est comme si quelqu’un se mettait à courir à perdre le souffle puis sans raison, sans motif (convainquant ou apparent), il s’arrête, net !
Je sais qu’une investigation du genre est ardue et est de longue haleine. Elle ne peut se contenter de quelques interviews consentant quelques généralités sur l’infinité des réalités que tu regroupes sous le terme de « Système de perception et de représentation des relations entre les deux rives de la Méditerranée ».
De même, ce que j’entends dire ici à travers mes impressions se limitera à la lecture de cet article.
Goût d’inachevé donc et ce pour deux raisons fondamentales : l’appel inutile et sans motif pertinent au dialogue et le recours encore aujourd’hui à certains vestiges terminologiques de ce genre de disciplines pseudo scientifiques et oppressives (en l’occurrence, l’ethnographie et l’ethnologie) dans la mesure où elles ne respectent point l’objet de ses investigations qui n’est rien d’autre que l’homme lui-même, et pas n’importe quel homme, malheureusement ; l’aborigène, l’indigène, l’oriental et j’en passe...
Tu as parlé du dialogue et de la nécessité di dialoguer, mais franchement je ne vois, ici non plus, aucune raison d’être de ce dialogue, ni sa signification ni sa nécessité donc.
A mon avis il aurait fallu te poser ces questions avant de courir à tendre le filet à des pseudo-exigences formulées d’ailleurs par des puissances prédatrices (l’Amérique de Bush entre autres) et défendues à cors et à cris et présentées comme l’urgence des urgences.
Alors qu’il s’agit ni plus ni moins, dans ce pseudo appel au dialogue, que de consacrer l’idée qui suppose qu’il y a d’une part une rive hostile car pauvre et envieuse donc, frustrée et prête à nuire. Et de l’autre part il y a une rive riche et illuminée, car blanche, chrétienne et occidentale, victime collatérale de ses propres richesses et de l’envie ou si tu veux du mauvais œil des damnés de la terre.
Cette dichotomie donne à faire croire que la rive raisonnable et raisonnante, bonne et illuminée se comporte en bonne samaritaine qui cherche à comprendre, à aider, à ouvrir donc un dialogue avec ces hordes de pauvres envieux et méchants qui sont les gens de la rive de la misère, de la haine et de la violence aveugle…
Voilà pourquoi je trouve ton concept de « dialogue » imprécis et qui a besoin d’être déterminé et défini davantage. Comme d’ailleurs le pourquoi de ce dialogue qui a besoin, lui aussi, d’être expliqué avec plus d’attention et de critique.
Pour te rendre l’idée avec plus de clarté, je te pose cette question : « Pourquoi on ne parle pas de dialogue entre la France et l’Italie par exemple ? »
C’est une question très sérieuse, car quoi qu’on en dise, un peuple est toujours en quelque sorte hostile à un autre peuple, de préférence à son voisin le plus proche ; et c’est plus logique, plus naturel et fort plausible donc.
Si tu me dis qu’entre la France et l’Italie en particulier et entre les pays de la rive nord en général, il ne doit pas y avoir nécessité de dialoguer puisqu’il n’existe plus d’hostilité entre ces pays, puisque on a dépassé le stade des hostilités, puisqu’on est devenu plus conscient et plus civil… je te dirai que ton discours rejoint alors le discours dominant qui veut que les pays pauvres soient hostiles par nature et par vocation car ils sont pauvres !
Et de la sorte on ne résout rien, toi et moi.
Si tu me dis qu’il y a des incompréhensions qu’il faut élucider, alors je te suivrais, mais même là il nous resterait à nous entendre sur la terminologie et sur les modalités avant de nous nous exprimer et avant d’agir.
Et alors moi je proposerai le terme de coopération qui indique, au moins de par les intentions que ce terme renferme en lui, qu’on a en face deux entités (deux pays, car il ne faut pas élargir trop notre champ de perception et d’action, il faut qu’il reste à la hauteur de nos moyens concrets) qui ont besoin l’une de l’autre et sont contraintes de s’entraider et d’être respectivement solidaire l’une à l’autre, sans besoin de démontrer orgueil ou arrogance.
Si à travers cette coopération surgissent, et ils surgiront sûrement, des malentendus, alors il sera nécessaire, indispensable même, d’enclencher des dynamiques de dialogue pour régler les conflits et les contentieux à l’amiable…
Alors le terme dialogue trouvera sa place, et sa dignité donc, épistémologique, naturelle. Et les rapports entre les hommes des deux entités seront des rapports de compréhension mutuelle, de respect et de vraie solidarité.
Ça sert à quoi, présenter les Algériens pour eux-mêmes, les présenter comme des informateurs , comme ceux qui naguère allumaient « volontiers » le calumet de la « paix » et posaient pour les beaux yeux des pionniers… féroces ?
J’ai compté l’utilisation du mot informateur dans ton texte : trois fois !
Avant de continuer, je voudrais te rappeler (ce que je te disais à Piazza Duomo de Milan) que la critique n’est que savoir. Et celui-ci n’est que critique.
Ainsi donc si tu réussis à trouver un nouveau terme pour rendre compte de la réalité que prétendait décrire, l’impropre, le méchant terme d’informateur, ce serait en soi l’élaboration d’un nouveau concept.
Et ce serait déjà un nouvel effort sur le chemin de la recherche et de la création. Ce serait déjà un nouveau fruit de l’arbre des idées et de la culture. Ce serait déjà une nouvelle théorie. Bref, ce serait original et surtout humain…
Bien sûr tu trouveras toujours quelqu’un qui s’en offusquerait et ce serait normal à cause de la paresse mentale qui caractérise notre esprit, à cause de notre peur de changer pour ne pas perdre des privilèges garantis par une habitude conceptuelle bien établie, à cause de notre peur des langages incertains car inexistants encore.
Peut-être que tu trouveras parmi ces mentalités figées ton professeur même, mais n’ayez pas peur : fonce !
Fonce et tu verras qu’un terme vieux de deux siècles n’est plus apte à comprendre (au sens physique et intellectuel) des réalités mortes et devenues néant.
Forge-toi un nouveau concept : c’est ton droit mais c’est aussi ton devoir de femme de savoir et de culture.
Tout comme la couleur du plumage ou les chants chez les oiseaux annoncent, informent donc, involontairement et malgré leurs auteurs-porteurs, l’arrivée de la saison clémente et celle des amours et de ses différents rituels et cérémonies… ainsi les informateurs informent sans personnalité, sans volonté, sans point de vue, sans envie ni capacité d’analyse ou d’interprétation !
Puisqu’ils sont incapables et incapabilisés, ils ne doivent rien savoir de la destinée de leur intervention et surtout ils ne doivent pas prétendre contester les sentences du meneur de jeu, du détenteur de la vérité et du pouvoir épistémologique, du représentant de la culture dominante, de l’ethnologue/ethnographe !!
Les proto-ethnologues et ceux de la première heure ne considéraient point leurs « cobayes ». Ils ne les daignaient d’aucun respect du moment qu’ils constituaient, à leurs yeux aveuglés d’arrogance et de toute-puissance, des peuplades incultes, ignorantes, impuissantes, hors de l’histoire (celle euro-centrique surtout), colonisés, dominés, appauvris, spoliés de leurs richesses, humiliés,…
Et puis ces pseudo chevaliers de la science voulaient faire de leurs fantasmes et préjugés une vraie connaissance, un vrai savoir, une vraie science avec sa méthodologie, son objet et son système conceptuel ; une science de la nature enfin comme ils voyaient se faire en chimie ou en physique.
Ils ont osé bousiller et leurs efforts intellectuels et la dignité humaine.
Ils partaient des présupposés que si homo occidentalus est évolué c’est qu’il évolue encore et serait insaisissable et donc impropre à faire objet d’études ethno...
Ils pensaient par contre que si les sauvages d’aborigènes et les divers indigènes et damnés de la terre sont arriérés, c’est parce qu’ils n’évoluent pas et s’ils n’évoluent pas, c’est parce qu’ils sont comme les papillons de Nabokov.
Ils sont épinglés et attendent donc l’arrivée des entomologistes pour les observer, les palper, les disséquer, les étudier, les classifient en véritables naturalistes pour sortir à la fin du parcours avec des lois, qui ne sont que des sentences d’un tyran sot et aveugle qui se veut bon et éclairé.
Il les ont dominés pour les étudier et ils les ont étudiés pour les dominer.
Voilà donc pourquoi l’ethnographie étudie « ethnographiquement » les autres sociétés humaines vaincues qu’ils appelaient avec mépris et dédain : peuplades primitives et épargnent de cette étude infâme les gens de leurs propres tribus !
Mais ces sociétés humaines sont vaincues, elles le sont certainement pas par l’évolution (l’évolution est inexorable) mais par l’histoire, par la main de leurs frères les hommes capitalistes, esclavagistes et colonialistes.
Le malheur c’est que n’importe qui de cette race des évolués peut s’improviser ethnologue !
Personnellement j’ai connu deux ouvriers : l’un d’eux était gardien de nuit dans une brasserie milanaise. L’autre, toujours à Milan, faisait le métier de technicien de maintenance pour photocopieuses.
Ce dernier, en Argentine (où il se trouve trois ou quatre mois l’année), faisait le psychanalyste !
L’autre, ayant pris sa retraite, il a appris quelques mots en français et il est parti pour le Sénégal où il avait séjourné pour deux ou trois mois.
De retour du Sénégal il a tenu à faire une conférence publique où il voulait parler aux Milanais non pas de ses impressions de voyage mais leur expliquer les mœurs des Sénégalais, leur raison d’être, leur signification, l’origine de leur misère, l’indifférence de l’Occident, la nécessité que celui-ci intervienne pour aider ces damnés de la terre.
Des recettes pour soulager l’Afrique de ses maux ne manquaient pas dans le discours (court) de ce gardien de nuit, prétendu ethnographe. Il a même échafauder des concepts, des théories explicatives, et bien sûr tant de mensonges, de gaucheries et préjugés.
Mais je reconnais quand même que son insolence n’est pas arrivée à égaler celle de Veltroni (auquel même Berlusconi, dit-on, reprocha son ignorance puisqu’il n’était pas laureatao !) qui avait séjourné dans un hôtel de luxe dans une capitale africaine pour trois ou quatre jours et retourné en Italie avec un livre de clés pour ouvrir les portes des paradis de lumières et de prospérités aux Africains !
Bien entendu, loin de moi l’idée de vouloir innocenter les Sénégalais d’être premiers responsables de leur sort et de leurs malheurs (malheur est toujours relatif).
Ils sont eux-mêmes des victimes complices car vaincus et aliénés… et puis ils sont prêts à tout pourvu qu’ils puissent survivre. Après tout la misère et l’humiliation valent mieux que la mort… non ?
C’est comme la blague d’un pieux néophyte fort zélé qui se lavant son derrière, il s’est souillé un doigt. Il accourt à son voisin bucheron et lui demande de lui couper le doigt souillé, impur.
Le bucheron, pratique et raisonnable, lui conseille de renoncer à sa folie. Mais l’autre est fou justement : il veut être pur, immaculé. Alors le bucheron lui dit : « Lave-le ou tu vas le sucer ! »
« Non !” persiste l’autre, le pur idiot.
Au coup de la hache, notre pur se porte le doigt avec sa souillure à la bouche et se le suce naturellement, instinctivement.
Je ne veux pas non plus dire qu’on ne doit pas faire ce genre d’investigation ; mais seulement qu’on le fasse avec dignité et respect et pour le savoir et pour le sujet /objet de ce savoir. Nous devons le faire aussi et surtout pour le respect de nous-mêmes.
Quant à moi, je préfère être tout : une personne, un interviewé, Malik, un ami, un écrivain, un intellectuel, un client, mais de grâce, épargne-moi le mot informateur !
Car je n’informe pas mais je donne mon avis. J’échange et je confronte mes idées… seul moi sais qui je suis et quelle est ma conception du monde et de moi-même. L’ethnographe (à la Freud du frontispice), lui, ne saisit de moi que ce qu’il a dans sa propre tête qui peut être tout sauf ma nature, mon ego, ma substance…
Tu peux en avoir une idée : car je ne t’ai rien dit des choses que tu ignores encore de moi. Nous avons échangé des points de vue sur des réalités sans nous être confondus ou fondus dans ces réalités.
Chère Manu, je pense que la critique est une manière de lire et en meme temps d’honorer un texte ou un produit culturel.
Milano, 23 aprile 1999
Cara Cinzia,
Il bello è che sei riuscita a raccogliere tante esperienze così varie nonostante la complessità della provenienza delle fonti e la complessità dell’argomento in sé; riuscire a raggruppare queste realtà che non hanno niente di comune tra di loro, tranne forse la loro esistenza in un dato momento delle loro storie in Italia. Dal punto di vista metodologico forse è un errore considerare - per avere la comodità di lavorare senza disturbarsi- una realtà così disparata come gli immigrati in Italia come una realtà omogenea. Il bello è secondo me che sei riuscita a raccogliere altrettanti punti di vista concernenti il lavoro, questa dimensione centrale della vita della persona adulta.
Comincio col dire subito che cosa mi ha colpito appena mi misi a leggere il tuo testo: ho trovato la parte teorica un po’ troppo tortuosa e complessa per poter servire a chiarire delle nozioni così complesse già di per sé. Scrissi allora sulla pagina due in alto: concetti liquefatti??
Era la mia pigrizia mentale forse o la mia ignoranza della lingua italiana o ancora il mio oblio del ragionamento e del linguaggio della psicologia a rendermi il testo così difficile da capire o da collocare nel contesto generale delle realtà e concetti che il titolo tende ad analizzare o ad esplorare? Forse. Ma ciò non mi ha tolto il dubbio che in qualche modo la parte teorica vada un po' rivista “per non dire ritoccata” affinché possa corrispondere o per lo meno dare l’idea che teoria e pratica stiano proseguendo sullo stesso binario. L’una guida e l’altra dà la forza motrice per andare avanti sul cammino della conoscenza.
Nelle prime pagine, almeno fino alla pagina 20, non sono riuscito a trovare l’autrice; nel senso che mi era difficile distinguere ciò che era proprio di Cinzia e ciò che era proprio degli autori citati. Tutto questo susseguirsi di citazioni, invece di spiegare qualcosa, confonde il lettore! Le citazioni, per quanto io sappia, devono essere presenti non per spiegare egemonicamente ciò che spetta al ricercatore di spiegare o rifiutare, ma per rapportare, per aggiungere alla sua opera un “di più”, un complemento (confronto) nella conferma, nella critica, nell’arricchimento, nel distruggere le ex-crescenze fatte di mistificazioni e di pregiudizi che alterano sempre la realtà.
Ti sento già dire: “Ma come? parli di un susseguirsi di citazioni, mentre tutti gli altri lettori mi hanno rimproverato la povertà dei riferimenti bibliografici!”. Sappi che se lo hanno fatto, ciò era dovuto al fatto che tu non avevi citato i loro autori preferiti o loro stessi. A questo punto, sarebbe stato un inestimabile servizio reso al lettore se tu avessi avuto presente nella mente che ogni citazione che si rispetta - e per quanto essa valga- ha necessariamente bisogno di un minimo commento critico o di spiegazione e chiarimento tradotto, nella lingua del ricercatore in questione. Perché, nel suo ambito naturale, un concetto o un’idea si capiscono, ma fuori da questo ambito, un’idea - che pur essendo pertinente- diventa un‘idea banale, equivoca e senza futuro, un’idea deformante e mortificante per l’opera e per il lettore.
Un altro limite che spesso si incontra nella scrittura, non solo quella letteraria ma anche quella scientifica, è questo: se a un poeta è sempre permesso comunicare con segni e simboli personali e arbitrari, il linguaggio scientifico deve essere diverso. Esso deve essere il linguaggio di una “comunità”, per così dire. Bisogna non perdere di mente una specie di filo conduttore che riporta il lettore continuamente dalla pagina di ora e lo collega ad ogni momento all’idea generale del testo. Così si può evitare la confusione - come in questa tesi per esempio. Confusione dovuta secondo me alla profusione senza misura di citazioni, almeno nella sua parte teorica.
“E’ possibile così vedere il ritorno fondamentalista dell’islamismo, avvenuto dopo un periodo di occidentalizzazione degli stili di vita, come esito di una dolorosa rottura delle rappresentazioni culturali tradizionali.” scrissi nella pagina 33 della tua tesi. Questa è un’affermazione che non è sicura. Non è così facile spiegare il ritorno fondamentalista dell’islamismo! Chiunque di noi può azzardare delle spiegazioni e cancellarle di colpo magicamente, per riprendere un’idea di Sartre. Io, per esempio, posso dire che gli elementi di una spiegazione del cosiddetto ritorno fondamentalista dell’islamismo sono da ricercare nella crisi universale delle identità, ma causa della crudele modernità che ha devastato tutti i paesi del mondo, ivi comprese le società cosiddette occidentali stesse.
Chi ha detto che questa epidemia identitaria non possa toccare le sacrosante ed invulnerabili società occidentali? Per quali motivi queste società devono essere risparmiate? Forse perché le società occidentali sono le protagoniste della modernità?
Ma chi ha detto che le cose stanno così? Il Giappone, la Corea, la Cina, l’India, il Brasile e tanti altri paesi non stanno contribuendo - in una maniera quasi sistematica da più di un secolo- alla modernità nel suo crearsi e trasformarsi perpetui? Allora perché si continua a parlare di crisi d’identità per il resto del mondo, il mondo non occidentale cioè da occidentalizzare, mentre i cosiddetti paesi occidentali sembrano risparmiati?
Le società occidentali devono essere risparmiate perché loro sono le prime creatrici di questa modernità? Se è così, allora il merito della creazione della modernità lo detengono Firenze e Venezia rinascimentali, queste novelle Atene, secondo la bella espressione dello storico A.J. Toynbee nel suo libro “Civiltà al paragone”.
Vedi, cara Cinzia, il concetto di Occidente non è così chiaro e così saldo; esso si scioglie al primo raggio di una vera analisi seria. Quindi spiegare una pseudo-realtà ricorrendo ad uno pseudo-metodo scientifico non ha senso.
Non è così facile! Un’altra spiegazione o ipotesi, che propongo io, è: questo ritorno è una specie di valorizzazione del proprio retaggio culturale. Un modo per scoprire il sé autentico che agisce in noi. Questo sé ovviamente ci permette di estendere il nostro universo del momento, facendoci risalire e spingendo la nostra memoria sempre al di là dei limiti che il tempo e la dimenticanza cercano di porci. Limiti che creano in noi l’angoscia spaventosa dell’effimero. In altre parole, più si ha una memoria grande ed estesa più ci si sente immortali.
Va da sé che non si tratta di avere una qualsiasi memoria, ma una memoria che durante tutta la nostra esistenza ci grida e ci indica: ciò è memoria tua e quest’altro non lo è. Perché andiamo lontano per provare o mostrare l’esistenza e l’agire di un meccanismo del genere? Si pensi all’attuale guerra, l’aggressione barbara dei paesi cosiddetti occidentali, democratici, ricchi, alleati, rispettosi dei diritti umani, industriali su un paese che non ha mai fatto parte di questo insieme di aggettivi. Aggettivi dei quali i paesi “occidentali” cercano di avere la proprietà privata ed esclusiva.
Questi paesi non possono più continuare a fare finta di accontentarsi di un tale concetto (o meglio di questo aggettivo) ormai vuoto di ogni significato di occidentale. Esso non basta più per spiegare o caratterizzare le nazioni che fanno riferimento ad esso e vi si identificano. Come se questa entità contenesse alcuni popoli privilegiati che appartengono a una razza a parte, superiore ovviamente! Gli “occidentali” non possono più dunque fare finta di nascondere il loro sgomento davanti alla crisi identitaria che li sta devastando. Crisi davanti alla quale la modernità li ha posti con la mondializzazione di ogni forma di cultura e di civiltà, indipendentemente dal valore e dal grado che essi occupano nella scala dell’universale.
Perciò gli “occidentali” hanno dovuto creare un’altra identità nuova e de toutes pièces. Ovunque si sia intervenuto da parte dei nuovi imperialisti americani con i loro satelliti creati dal famoso piano Marshall, essi lo hanno fatto e lo fanno ancora nel nome del diritto all’ingerenza umanitaria, per salvaguardare “dicono” i diritti umani. Inutile dire che essi creano soltanto, ovunque intervengano, disastri e desolazione: la Somalia, l’Iraq, la Yugoslavia...!
Inutile dire anche che “l’obbiettivo degli obbiettivi” degli imperialisti è stato e sarà sempre la creazione dei disordini all’interno dei popoli piccoli e deboli per facilitarne così la dominazione, lo sfruttamento. Ma soprattutto per avere la possibilità di vantarsi davanti alla propria opinione pubblica - e magari anche davanti alla storia (qualche storia meschina o compiacente)- d’essere stati in grado di assicurare prosperità, potenza e rispetto per il proprio popolo. Mentre molti popoli del mondo non riescono ad assicurarsi nemmeno in sogno il pane quotidiano per sé!
Gli occidentali, dunque, intervengono per motivi umanitari, anche per impedire ai popoli governati da qualche dittatura - un altro aggettivo che gli occidentali cercano di riconoscere soltanto al nemico numero uno- incivili e irresponsabili, di possedere le armi di distruzione massiccia. Come se l’invenzione delle armi non potesse essere raggiunta da questi popoli!
E’ notissima a tutti i popoli della terra la contraddizione degli imperialisti che consiste nel fabbricare, usare armi ancora più distruttive, su questi stessi popoli ed insieme venderle loro ed incitarli ad uccidersi.
Gli stati occidentali agiscono in questo modo per creare un blocco di nemici esterni che ha per scopo di mantenere una coesione interna precaria e già minacciata dai diversi problemi sociali, esistenziali ed economici!
Mi sembra che tu prenda i concetti, li presenti e li usi senza verificare se essi sono così saldi da reggere la struttura dell’edificio concettuale che tu cerchi di realizzare.
Non si tratta dunque di un ritorno fondamentalista dell’islamismo. Come si può parlare di un ritorno mentre, in realtà, non vi è stato mai un allontanamento?! Ho il dubbio che qui ci sia qualche errore metodologico a cui si presta volentieri qualche pseudo-scienziato, che crede più alle deduzioni delle sue errate o false premesse che alla realtà del fenomeno. Per chiarire questa idea, propongo una terza lettura del cosiddetto ritorno fondamentalista dell’islamismo.
Un valore condiviso da un gruppo è la proprietà di tutti i membri del gruppo. Questo gruppo svolge il compito di preservare i propri valori facendoli vivere e vivendoli all’interno della comunità. Può capitare che la maggior parte del gruppo se lo dimentichi, tanto da sembrarci allontanarsene una volta per tutte. Ma il gruppo sa che là, da qualche parte nella società, in qualche angolo dell’inconscio collettivo, vi è una brace viva (l’anima del valore ipoteticamente per sempre perso) che continua a fornire energia e orientamento vitali per l’identità del gruppo.
E’ molto probabile che le società umane siano simili agli individui. Si sa ormai con la psicanalisi, che nel campo della memoria nulla si distrugge e nulla si disperde. In questo senso il cosiddetto islamismo sarà una memoria che risorge per chiarire il cammino identitario del musulmano e alimentarlo di energia necessaria. Si tratta in qualche modo di cambiare il fucile da una spalla a un’altra.
Tutto ciò vuol dire che la crisi identitaria non suscita il ricorso a delle forme di fondamentaslismo. Secondo me il fondamentalismo, in realtà, non esiste ma è stato sempre da inventare ogni volta che un dominatore cerca di imporre la sua cultura che, pur avendo fatto buona prova nel proprio paese di origine, si trova davanti a una resistenza. Allora questa cultura dell’invasore si mette in crisi. Se le diamo un’anima per sentire e una capacità per esprimersi, essa ci dirà: “che ci sto a fare qua, dove esiste già una cultura, una identità, un’anima più vive, più efficaci di quello che io ho portato e di quello che io sto per proporre-imporre!?”
In mancanza di una tale confessione, “l’occidente” si è arrogato il diritto di dirci: “guardate che la vostra cultura non funziona più. E’ la crisi per voi! Non avete più nessun’altra scelta che quella di adottare la cultura occidentale che è, come sapete, moderna ed è l’unica valida. La vostra è medievale, inadeguata per la nostra epoca: essa genera chiusura, intolleranza, oscurantismo, totalitarismo e non-rispetto dei diritti umani. Sapete tra l’altro che noi “occidentali” non permettiamo che una cultura del genere (e tutte le culture del mondo, del resto, tranne la nostra, sono da combattere senza pietà e tregua fino alla resa totale senza condizione) possa ancora esistere.
Così, si crea de toutes pièces ogni fondamentalismo. Lo ha anche annunciato Samuel Phillips Huntington nel suo famoso libro “Lo scontro di civiltà”.
Ma, guarda caso, non sono l’unico a sostenere che una tale crisi di identità sia riservata ai soli paesi non occidentali - il mondo non è occidentale anche se beve la coca cola e calza le scarpe da ginnastica Nike -, ma pervade come un serpente gli stessi paesi occidentali. Qualcuno dell’ Académie française, giunge perfino a parlare dei diritti che le democrazie occidentali “si sono aggiudicate sul simbolico che è il linguaggio, vale a dire sulle coscienze dei governati di cui già essi governano il corpo”,.( Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde 21 aprile 1999).
Cara Cinzia, non credere che io sia così polemico per il solo piacere di polemizzare. Si tratta soltanto di leggere a modo mio la vita e le cose della vita. E’ raro che io possa scrivere o pensare tante cose a partire dalla lettura di un semplice testo. Secondo me più un’opera ti fa parlare, più quest’opera è degna di interesse. Quanto a me, io non leggo soltanto per dire che questo concetto o quell’altro non valgono o per dire che quest’analisi o quell’altra non sono obbiettive o profonde, ma per scrivere (come per esempio al margine del quarto paragrafo della pagina 42 della tua tesi queste parole): “molto bello! Complimenti!” o (alla pagina 48, proprio alla fine del capitolo 4.3.”Dalle reti etniche all’accessoal mondo del lavoro”): “E’ un’ipotesi molto bella per spiegare la ragione per cui si diventa prostituta? Forse.”.
Per finire con i complimenti, ho anche scritto sulla pagina 75: “per quanto riguarda il tuo modo di intervistare, riconosco che sei stata conforme a quello che hai scritto nel capitolo 13.3, Le interviste”.
Sono d’accordissimo con la tua intervistata, a pagina 87, nel considerare la prostituzione non soltanto come una forma di ricerca di guadagno, o come una forma di ricatto che un eventuale proxénète eserciti magari sulla prostituta, ma nel porre la prostituzione come un libero abbandono al proprio istinto, finche si è lontani da ogni controllo sociale del proprio gruppo, o come un esercizio della propria libertà: a volte lo fanno gratis. E’ un modo come un altro di rivendicare la proprietà sul proprio corpo fin qui confiscato o ipotecato e alienato.
Sono d’accordo anche con l’ipotesi che la condizione dell’immigrata non crea la predisposizione alla prostituzione; ma se ella, nel paese di accoglienza, ricorre alla prostituzione, è perché si è già prostituita nel proprio paese di origine.
Però, non sono d’accordo quando parli dei musulmani come se fossero un popolo omogeneo che obbedisce ad ogni sorta di ordine, temendo maledizioni ed anatemi!
Chi conosce la religione musulmana, sa’ che per l’individuo musulmano non esiste nessuna autorità temporale su di lui, tranne ovviamente quella della propria coscienza. Il musulmano, per potersi permettere un comportamento più laico (anche se non si capisce il senso di questa parola che hai messo tra virgolette, pagina 96.), non deve per forza disertare il Centro islamico. Ma se il musulmano ha l’intenzione di fare il laico, egli lo fa perché è già “laico”. Non si devono prendere le conseguenze come cause e rovesciare la realtà delle cose. Ecco a che cosa potrebbe servire la critica o lo spirito critico.
E poi la vita del musulmano non è così povera di vita da essere ristretta in un Centro islamico. La storia della civiltà musulmana ha saputo creare un equilibrio tra il temporale e lo spirituale, questi due pilastri che con un giusto dosaggio reggono la vita dei popoli e creano prosperità e forza. Oggi sotto i nostri occhi assistiamo alla continuità della fiaccola accesa da Firenze, la spirituale, e Venezia, la temporale. Continuità che l’America fa sua dopo essersi garantita la supremazia nello spirituale-cultura (Hollywood, e l’american way of life) e nel temporale-tecnologia (Los Alamos e la Coca Cola): insomma supremazia nel trovare l’equilibrio giusto tra la Spada e la Croce che un tempo non lontano da noi ha fatto delle conquiste strepitose, strabilianti. Una supremazia che sa maneggiare con una rara arte, insieme, i B.52 e i Diritti umani.
Se capita poi che qualche musulmano rifiuti di toccare la carne di maiale, ciò avviene non perché egli teme le fiamme di qualche rogo o di qualche ostracismo, ma perché è una cosa morale che fa parte della sua cultura, del suo ecosistema culturale. Nessuno isola nessuno, né qui né altrove. Invece si può pensare ad una specie di senso di colpa da parte di chi sente tradire la propria cultura, soprattutto quando attorno a sé vede gente che, in nome di qualche credo ambiguo o magari relativo che non oltrepassa la tribù di cui fa parte, arriva a scatenare delle guerre per difendere i suoi!
Parlare dell’Islam e dei musulmani come se si trattasse di una razza o una specie particolare e rara, procede secondo me da una specie di esotismo che, se rimane valido in un’opera d’arte, non vale in un lavoro di ricerca che si vuole scientifica.
Durante la lettura mi è capitato di incontrare degli errori di ortografia e di grammatica, soprattutto nelle interviste. “E’ una trascrizione fedele delle testimonianze?” mi chiedevo. Secondo me, un conto è non interferire e deformare lo spirito del discorso di chi viene intervistato, un altro conto è copiare persino gli errori, torturando così inutilmente la lingua e trascurando lo sforzo che mette uno straniero nel cercare di esprimere, il più correttamente possibile in questa lingua, ciò che vuole comunicarci. So che è delicatissimo ed imbarazzante frenare qualcuno che sbaglia, mentre parla, per correggerlo. Ma è altrettanto sbagliato tacere (essergli complice) gli errori. E’ possibile correggerlo, comunque, nello scritto, per presentare al lettore un discorso chiaro, a meno che sia una preoccupazione e una volontà tue di dare indicazioni sul livello di conoscenza della lingua italiana da parte di questi stranieri: ma non penso che sia questo il tuo scopo.
Lo stesso si può dire della lunghezza delle testimonianze, che sarebbe stato meglio forse riscrivere, perché il lettore , a volte, avverte una ripetitività senza grande importanza informativa. Si sarebbe potuto puntare piuttosto su argomenti più adeguati all’obbiettivo della ricerca.
Nella pagina 151, hai parlato di un certo imbarazzo dovuto al faccia-a-faccia “tra studente e soggetto di ricerca”. Questo rapporto può non avere niente a che fare con la preoccupazione o - come dici tu - “la tendenza a non invadere uno spazio altrui”. Non avevi forse parlato dei tuoi “informatori”? Forse sarebbe stato meglio chiedere ai tuoi informatori, fra le altre domande, “perché, cosa pensate e cosa rappresenta per voi essere intervistati per un lavoro di tesi? Facendo parte di questi informatori, ecco cosa sarebbe stata la mia reazione: “è uno scambio di idee, è una forma come un’altra per dire cosa penso, è un modo di collaborare, come semplice cittadino, a un lavoro in favore di questa società in cui ti trovi e in cui mi trovo pure io, per quanto esso sia personale come quello di una tesi di laurea.
La parola informatore “come hai intuito” mi è antipatica. Spero che lo spirito che -lungo le 164 pagine di un discorso delicato come quello degli immigrati in Italia- ha saputo scegliere delle parole obbiettive e lontane da ogni schifosa forma di pregiudizi, non abbia dato a questo termine lo stesso significato che i servitori del colonialismo, soprattutto gli etnologi, gli hanno dato e continuano a dargli, considerando questi informatori come degli oggetti di laboratorio, privi di ogni umanità o di ogni capacità di analisi e i loro discorsi come delle semplici manifestazioni folkloristiche. Se tu hai chiamato gli intervistati informatori, ti era anche possibile chiamare i libri o gli autori che hai citato nella bibliografia con lo stesso nome. La parola puzza di pregiudizio e di non scientificità e fa parte del linguaggio poliziesco-militare e coloniale. Ecco perché non mi piace.
Infine, ti ringrazio molto per la dedica che mi hai fatto e per l’occasione che mi hai dato di confrontare le mie idee con le tue, molto più strutturate sicuramente perché frutto di mesi e mesi di lavoro. Complimenti!