El Ghibli - rivista online di letteratura della migrazione

Racconto (testo in francese)

Abdelmalek Smari

Nous irons vivre à Paris

Introduction pour la publication sur www.malikamin.net

Chers lecteurs, d’abord je m’excuse pour vous avoir donné à lire, pour cette saison torride, un texte tortueux et trébuchant qui était l’interminable analyse du roman de Boudjedra.
Je ne l’ai pas fait exprès, je vous le jure.
Ecrire est un acte où souvent la liberté trouve son pleine expression.
Ecrire c’est s’exposer à l’imprévu.
Ecrire c’est donc explorer des territoires d’idées et de paroles vierges et inédites où l’acteur devient spectateur et proie impuissante devant les monstres de sa création.
C’est l’analyse qui me conduisit : déjà dès les premiers mots je sentais que je n’étais plus, moi, le maître mais le suiveur.
Pour me faire pardonner, je vous soumets une nouvelle en deux parties « Nous irons vivre à Paris » que j’avais intitulée à l’origine Le jeune homme et la vieille.
C’est une nouvelle inédite, écrite en français. Je l’avais présentée il y a dix ans de ça dans une bibliothèque communale de Milan ensemble à d’autres nouvelles en italien, dans un recueil intitulé « I ragazzi dell’Atlantide » (Les enfants de l’Atlantide).
Bonne lecture.

Quelque part dans un appartement milanais, deux enfants, la fille a 55 ans, le garçon en a 30. - « L’enfer c’est les autres. » - comme disait Sartre.
- Oui, comme je te l’ai dit, vous, les arabes, vous êtes odieux.
- Tu peux me dire pourquoi ?
- Pour plusieurs raisons. D’abord vous vous arrogez le droit d’épouser plusieurs femmes à la fois !
- Ce n’est pas vrai dans la réalité.
- L’autre jour j’ai rencontré un turc, avec qui d’ailleurs j’ai fait l’amour. Il m’a promis de m’épouser. Il me disait même qu’il m’aimait !
- Et après ?
- Et après, après il s’est avéré qu’il était déjà marié non pas à une mais bien à deux femmes ! Tu te rends compte?
- Comment en es-tu sûre ?
- Je l’ai vu de mes propres yeux. C’était un dimanche, il se promenait avec elles, toutes les deux, au jardin public de Sempione!
- Ah, maintenant j’ai compris… oui, c’est ça… ton désarroi… quand je t’ai dit que je suis arabe…
- Oui, vous les arabes, vous n’avez pas de respect pour la femme.
- Mais ce n’est pas possible ! Tu sais qu’on nous a enseigné que la femme avant l’avènement de l’Islam n’avait aucun statut, aucun droit, aucune dignité ?
- Et votre prophète lui a donné la dignité humaine comme cadeau ...
- Oui.
- … en ne lui reconnaissant que le quart d’un homme !
- Le quart d’un homme ??
- Ne faut il pas quatre femmes pour un seul homme ?
- Oui.
- Votre prophète en avait cinq !
- Non, tu te trompes : il en a épousé neuf.
- Neuf ! Mon Dieu ! Ecoute, Gaber, soyons sérieux. Pourquoi tu ne te fais pas chrétien pour m’épouser ?
- Je n’accepte pas un mariage à ce prix.
- Bien sûr, tu garderas ta religion, et moi la mienne. Mais aux yeux de l’Eglise tu seras catholique. Regarde Nicola, par exemple, ce Tanzanien dont je t’ai parlé. Il était arabe, non ?
- Moi je ne le connais pas.
- Moi je le connais. Pourquoi tu ne fais pas comme lui ? Une petite goutte de l’eau bénie ne te fera sûrement pas mourir de pneumonie !
- Je ne suis pas, Dieu merci, un enragé on un hydrophobe. Seulement je ne suis pas convaincu de votre religion.
- Pourquoi ? Ne l’es-tu déjà plus? As-tu déjà changé d’opinion ?
- Non, mes convictions sont fermes.
- N’as-tu pas dit, toi-même, que tu as un grand respect pour cet homme là… ce Dieu qui s’est fait homme pour sauver les enfants du Seigneur ? - C’est sûr que tous le musulmans non seulement le respectent mais doivent le respecter et ne jamais dire de lui que du bien. Celui qui faillit à ce commandement est un hérétique, un non musulman, un Kafir.
- S’il en est ainsi, pourquoi as-tu peur de sa religion ?
- Je n’ai pas peur de sa religion, mais ce que m’exaspère dans tout ça c’est que vous le considérez comme fils de Dieu.
- Regarde-le bien en face. Son visage n’a-t-il pas les traits et la beauté d’un ange ?
- D’abord ce n’est pas son vrai visage, parce qu’il avait existé il y a 2000 ans de ça. En ce moment-là il n’y avait ni appareils photographiques ni peintres portraitistes au sens moderne du mot pour immortaliser son authentique physionomie. Donc tout est fondé sur de suppositions et des approximations. Ensuite je ne voudrais pas être un collectionneur de religions : une seule me suffit et largement.
- Regarde bien son visage. J’ai entendu dire qu’un célèbre peintre américain du XVIII° ou du XIX° siècle, je ne me rappelle plus, a prouvé que le visage que tu vois sur cette image est bel et bien celui de Jésus Christ.
- D’ailleurs cela n’est pas important, Jésus peut bien ressembler à quelqu’un : n’est-il pas un homme ?
- Il est fils de Dieu !
- L’essentiel est que nous, les musulmans, le respectons comme nous respectons tous les autres prophètes et messagers de Dieu: Moha¬med, Moise, Josef, Ismaël, Isaac, Abraham, Noé, Adam et toute la série. En plus les musulmans ont l’obligation de ne dire de Marie que du bien.
- Vous au moins vous n’êtes pas comme une de ces maudites sectes - se réclamant pourtant du Christ ! - qui considèrent que Marie était une prostituée. C’est scandaleux, non ? Dire d’une Sainte, mère d’un saint, une infamie pareille…
- Ecoute, Franca ...
- Non, appelle-moi Françoise.
- Ecoute Françoise … chérie (?) … moi je t’aime, vraiment. Et ce, malgré toutes les différences qui existent entre nous, différences de pays, de langue, d’âge, de religion, de sexe ...
- Il n’y a pas de grandes différences. Et puis… prenons l’âge par exemple : dix ans, voyons c’est peu de choses. Si tu consens à m’épouser, je serai heureuse. Les varices disparaîtront ainsi que les douleurs rhumatismales. Tu sais que j’ai seulement besoin de ton soutien moral. Mais dis quelque chose, bon sang !
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
- Dis-moi que tu es d’accord et disposé à m’épouser !
- Si je ne le suis pas, pourquoi est-ce que je suis venu ici, à ton domicile?
- En es-tu sûr?
- Très sûr.
- Jure-le-moi.
- Je te le jure.
- Parfait. Oh Gaber, Gaber, je t’aime moi aussi. Dis moi que tu es prêt a te faire chrétien. Ce n’est rien.
- Et toi, pourquoi est-ce que tu tiens à ce que je le devienne, s’il est si insignifiant que ça ?
- Pour moi, c’est très important car je dépends de l’Eglise. Ce n’est pas que je ne respecte pas ma foi, mais l’Eglise, pour le moment, m’aide de temps en temps. Elle me donne à manger. Elle m’aide a payer le loyer. Si elle apprendra que j’ai épousé un islamique, elle coupera court à cette aide, d’ailleurs, dérisoire.
- Mais je serais là pour t’aimer et te soutenir. Avec les documents j’aurais le droit, non seulement, de résider en Italie, mais aussi celui d’y travailler.
- Comment je peux te faire confiance, si tu ne renonces pas à ta religion qui te donne le droit de me trahir en épousant autant de femmes que tu voudras ?
- Tu ne sais presque rien de l’Islam et des musulmans. Malheureusement pour toi.
- Dieu Merci. Pourquoi fais-tu cette tête ? Pourquoi es-tu triste ? Ris, parle ! Je n’aime pas un mari lugubre.
- Je ne suis ni triste ni lugubre. Je suis en train de penser.
- A quoi tu penses ? Approche un peu mon chéri. Allonge-toi près de moi… voilà... comme ça. Quelle bouche! Quel sourire que tu as! Tu sais que les Italiennes aiment les hommes comme toi ? - Je m’en fous des italiennes, tant que j’ai Françoise entre les bras.
- Tu m’aimes vraiment ?
- Oui.
- Oui ! Comme tous les arabes, tu manques de bonnes manières ! Je veux t’entendre le dire clairement.
- Je t’aime, Françoise chérie.
- Ah Gaber! Gaber! Quand nous serons mari et femme, nous irons à San Remo chez ma soeur. Je te présenterai à elle et à son mari. Ce dernier est un médecin… mais… qu’est-ce que tu mijotes? Ne veux-tu pas par hasard faire l’amour une autre fois ? Tu es une bête, un obsédé, un…
- La femme insatiable d’amour me plait beaucoup.
- Ouffa ! Tu n’es qu’un obsédé sexuel. D’ailleurs tu es un islamique… tiens-toi tranquille ou tire-toi de mon lit !
- Il m’est impossible de me tenir chaste dans le lit avec une fem¬me à poil.
- Tu sais que nous avons péché deux fois déjà ?
- Oui. Et je suis prêt à le faire une autre fois et une autre encore. Où est le mal ?
- Moi je suis prête à le faire … seulement une autre fois … pas plus d’une fois.
- Qui t’en empêche ?
- Demain matin je dois aller me confesser. Entre nous, que dira le prêtre si à chaque fois j’irai le voir pour lui de¬mander l’absolution du même péché ? Il sera exaspéré, non ?
- Est-il raisonnable que le pardon et notre salut même dépendent de l’intervention de quelqu’un d’autre que nous-mêmes ?
- Ce n’est pas un quelqu’un d’autre, c’est le Prêtre. Mais toi tu ne le fais pas?
- Je ne suis pas chrétien.
- Fornicateur ! Mais tu as péché ! Tu brûleras dans les flammes de l’enfer !
- Oui j’ai péché mais, chez nous, demander pardon à Dieu ne doit passer par aucun intermédiaire, même pas par Mohamed, et encore moins par un homme ordinaire, comme nous, aussi pécheur que nous le sommes.
- Voilà pourquoi votre prophète s’est tapé neuf épouses.
- S’il avait fait ça c’est qu’il était fort et juste. Toutes ses épouses l’aimaient – dit-on - plus qu’elles n’aimaient leurs amies, leurs pères ou leurs fils.
- Et cet homme-là n’était-il pas fort, lui aussi ? N’était-il pas juste ?
- Tous les prophètes de Dieu le sont.
- Pourquoi lui, n’a-t-il pas fait comme Mohamed ?
- S’il ne l’a pas fait, ça ne veut pas dire qu’il aurait condam¬né ce que Mohamed a fait. Ça veut dire tout simplement qu’il avait d’autres missions à accomplir.
- Oh quelle fatigue ! Chéri va nous préparer un de ces cafés que toi seul tu sais faire.
- Après, Franca, je veux dire, Françoise. Pour le moment faisons l’amour.
- Obsédé, va !
- Tu es hypocrite. Ça te plait d’être nue comme un ver, sur un lit avec un homme à tes côtés, mais tu fais mine de t’en ennuyer éperdument !
- Laisse ton membre tranquille. Ne le touche pas ! Mon Dieu qu’il est dur ! Comment fais-tu pour le garder aussi longtemps en érection ?
- Parce que je suis avec toi.
- Non, je vais te le dire moi : parce que tu m’aimes. N’est-ce pas vrai ? Dis-le-moi, Gaber. Mais c’est pour quand ce café?
- Pour tout de suite.
- Tu sais où se trouve la poudre. La cafetière est dans l’armoire. N’oublie pas de refermer le robinet du gaz, après. Moi entre temps je me repose un peu. Ce n’est pas que j’aie mal mais je suis seu¬lement fatiguée, très fatiguée. Le Docteur avait raison quand il m’a dit : « Ecoutes Francesca, si tu veux guérir de tes maladies psychosomatiques - car c’est bien la na¬ture de tes maux - il faut éviter de vivre seule. Trou¬ve-toi un mari et fais l’amour de temps en temps. C’est un bon remède. »
- Mais pourquoi tu ne l’as pas voulu quand je te l’ai demandé ?
- Ne l’ai-je pas fait ?
- Quand ?
- Hier, avant hier.
- Pourquoi pas aujourd’hui ?
- Ecoute Gaber, je ne suis pas une imbécile. Je dois suivre les conseils de mon Docteur. Il m’a dit « de temps en temps » non : tous les jours. Alors! Ce café est-il prêt ?
- Dans quelques instants, ma chérie.
- Excuse-moi, chéri, si je fais une pisse.
- Je t’en prie.
- Mais toi, tu ne pisses pas ou quoi?
- Je n’ai pas bu beaucoup d’eau.
- Tu sais que mon Docteur m’a recommandé de vider la vessie et les intestins sans retenue, sinon le corps s’intoxique. Mais toi tu n’es pas malade au moins ?
- Non, pourquoi?
- Parce que tu ne pisses pas trop.
- Un café pour ma chère chérie.
- Merci trésor, mets-le sur la table.
- Sucre?
- Deux cuillerées.
- Deux aussi pour moi.
- Tu as vu, Gaber ? Je n’ai plus fumé depuis ce matin. C’est évident, je ne suis plus seule. Tu sais que je fume uniquement parce que je m’en¬nuie. Quand je t’aurai pour époux je ne fumerai plus. Dis-moi que tu ne m’abandonneras jamais.
- Ne t’inquiète pas trop. Nous vivrons ensemble tant que nous voudrons.
- Tu as parlé avec le prêtre ?
- Pourquoi ? Dois-je le faire ? Moi je veux un mariage civile.
- Mais dis-moi que tu n’es pas marié.
- Je ne suis pas marié.
- Jure-le-moi.
- Je te le jure.
- L'essentiel, c’est que tu dois faire quelque chose. Ne me laisse pas tomber. Ne crois surtout pas qu’avec le mariage tu seras enchaîné. Au con¬traire, tu demeureras libre. Nous sommes unis sur le papier. Comme ça, toi, tu trouveras un gîte. Tu viendras dormir chez moi quand tu veux, je ne t’empêcherais pas d’aimer d’autres femmes. Et moi je ne serais plus reniée par ma famille et, surtout, par ce fils de pute de mon fils qui m’a oubliée en suivant une garce venue de je ne sais quel pays.
- Ca ne tient qu’à toi. Si tu veux vraiment être ma femme, accepte moi comme je suis. De mon côté, je ne te demanderai jamais de changer ta religion.
- C’est vrai, Gaber ? Je peux aller à l’église ?
- Voyons ! Qui t’en empêchera, si tu veux y aller?
- Est-ce vrai que les arabes doivent passer la nuit, de temps en temps, à la mosquée ?
- Non ce n’est pas vrai: moi par exemple, je peux ne pas y aller pour toute une semaine.
- Alors je peux aller à l’église?
- Mais oui… Voyons !
- Tu es un ange, Gaber. Tu sais pourquoi est-ce que je t’ai choi¬si ?
- Parce que je t’ai plu.
- Oui parce que tu es beau garçon, mais surtout parce que, dès que je t’ai vu au jardin en train de lire, j’ai remarqué que tu n’étais pas un clochard. En plus tu avais les souliers cirés et les vêtements bien propres.
- Tu sais pourquoi je t’ai acceptée, moi ?
- Pourquoi ?
- Parce que j’ai pressenti en toi une sorte de charme. Je ne dis pas que tu me paraissais belle en ce moment là, mais plutôt une femme excentrique, ouverte, intelligente. Tu te souviens, nous avons parlé beaucoup ce jour-là, religion, philosophie, littérature, art et poésie ? Tes idées m’avaient plues beaucoup.
- Tu sais que j’ai écrit une vingtaine de livres ? Je ne les ai pas publiés, cependant. Mais y a-t-il une différence ?
- Peu, trop peu de différence.
- Qu’est ce que nous mangerons, ce soir ?
- Moi je mange la pasta avec le fromage et toi le poulet, si tu veux.
- Pourquoi tu ne manges pas le poulet ?
- Parce que je l’ai pris au supermarché. Il n’est pas égorgé.
- Vous êtes drôles de gens, vous autres islamiques. Vous ne mangez pas la viande, vous ne buvez pas le vin ! Bref, fais ce qu’il te plaira de faire.
- Je ne sais pas préparer le poulet.
- Je m’en occuperai, ne t’en fais pas.
- Tu n’as pas une boite de thon ?
- Non. La dernière, tu l’avais consommée hier. A propos, quand tu reviens la prochaine fois, n’oublie pas d’apporter avec toi un peu de thon, du fromage et quelques steaks, si tu as de l’argent bien sûr.
- Franca ?
- Françoise, s’il te plait.
- Françoise !
- Qu’y a-t-il mon ange ?
- N’as-tu pas un peu de poivre ?
- Cherche dans l’armoire. Tu veux les spaghettis ou les macaro¬ni ?
- Comme tu veux !
- Prends les spaghettis.
- Merci mon amour.
- Verse tout le paquet. S’il en reste quelque chose, nous le mange¬rons demain. Tu ne vas pas t’en aller, demain ?
- Malheureusement, le travail aussi m’attire, comme une passion.
- Alors tu travailles ! Pourquoi est-ce que tu me l’as caché ?
- Ce n’est pas un travail pour gagner de l’argent.
- Mais pour qui tu me prends ?
- Je parle sérieusement : je suis en train d’écrire un livre. - De quoi s’agit-il dans ton livre ? Tu dois dire du bien de ce pays, et surtout de l’Eglise.
- Loin de moi l’idée de faire l’ethnologue ! Que dieu me préserve d’une telle fange d’inepties et d’arrogances.
- J’aime bien ma religion et surtout mon pays. Ecoute : pourquoi nous n’écrirons pas une hi¬stoire ensemble? La nôtre, celle de notre rencontre ? Si nous réussissons, ça sera un best seller ! On gagnera beaucoup d’argent. Toi, tu écris et moi je t’aide en supervisant la langue. Car ton italien est encore boiteux. Nous serons riches. Alors nous irons vivre à Paris.
- Ça ne tient qu’à toi, moi je suis prêt.
- Allume la radio, j’ai envie d’écouter un peu de musique. Sur quoi porte l’histoire de ton roman ? Ça doit être belle, cette histoire …
- Aussi belle que cette chanson. Dommage … je ne sais pas dan¬ser !
- C’est simple la danse. C’est une question de rythme : un, deux, trois et hop...
- Apprends-moi à danser.
- Mais tu plaisantes !
- Je parle sérieusement. J’ai envie d’apprendre à danser.
- Chéri, moi je vais m’étendre un peu. Quand le poulet sera prêt, éteins le réchaud. Fais attention au feu.
- Oui ma Françoise chérie. - Viens un peu auprès de moi. Ne t’éloigne pas de moi, oh Gaber … j’ai besoin de toi.
- Mais tu sais que ma manie me reprendra.
- Ça ne fait rien, viens quand même. Il y a un autre préser¬vatif.
- Pousse-toi un peu.
- Quel dommage, le lit est trop petit !
- Ça ne fait rien.
- Embrasse-moi, écrase-moi, suce-moi… comme ça. Tu es génial. Ahi ! tu m’as fait mal. Quand est-ce que vous apprendrez, vous autres arabes, à être tendres avec les femmes ? Ouf ! … Maintenant c’est mieux … Gaber, va voir le poulet.
- Il n’est pas encore temps.
- Va, de toute façon, moi je dois me lever pour aller faire pipi.
- La pipi qui ne finit jamais !
- En quoi ça te regarde ?
- Simple observation.
- Ma va !
- Je crois que tout est prêt. J’ai éteint le gaz.
- Merci Gaber. Ne me regarde pas comme ça ? Ferme la porte.
- Ça te dérange ?
- Non. Mais ne me regardes pas.
- Ne sommes-nous pas mari et femme ?
- Tu parles sérieusement ?
- Je ne plaisante pas… mais…! Pourquoi est-ce que tu ne te laves pas ?
- Tu es aveugle ou quoi ? Je me suis essuyée avec cette serviette que je lave deux fois la semaine, à l’eau chaude et aux bicarbonates de soude qui sont un produit détergeant et désinfectant.
- Je viens juste de l’apprendre de toi.
- Tu penses que je suis sale ?
- Chez nous, à chaque fois que l’homme ou la femme entre aux cabinets, ils doivent se laver, comme on lave la tripe.
- Ça se voit que chez vous l’eau existe en abondance.
- Chez nous, on ne badine pas avec la propreté.
- Tu viens du désert m’apprendre les règles de l'hygiène! Qu’est ce que vous êtes, vous ? Des ignorants. Vous pataugez dans la misère. Vous faites votre toilette dans la poussière comme les poules. Vous ne pouvez inventer ni produire rien sans notre assistance.
- L’assistance des Italiens ?
- Non seulement, mais des Européens en général, des Américains, des Russes, des Japonais, des Coréens.
- Toutes ces gens, sont-ils des cousins à toi ?
- Les Italiens ont la FIAT, au moins. Vous, qu’est-ce que vous avez à part le chameau ?
- Si le chameau était, comme moi, avare de sa pisse … s’il s’arrêtait un jour de pisser, vous seriez morts de froid, vous et vos cousins.
- Tant de bruit pour une pisse! Et puis toi quand tu as craché dans le lavabo, moi je n’ai rien dit. Pourtant ça m’a fait presque vomir. Tu vois ? Moi je ne t’ai pas fait de remarques. Je ne t’ai pas jugé… d’ailleurs, à quoi bon ? Viens chéri, viens auprès de moi. Cessons notre dispute et préparons la table. J’ai une faim de loup.
- Tu ne te laves pas les mains ?
- Encore ! Mais je suis chez moi, je fais ce que j’ai envie de faire.
- J’arrive mal à croire mes yeux.
- Ne fais pas cette tête. Une pisse, ce n’est rien. Viens mon chéri. As-tu écrit aux tiens ?
- A propos de quoi ?
- De notre mariage, voyons !
- Mais bien sûr.
- Alors, nous devons nous tenir tranquilles jusqu’à ce que te parvienne la réponse ? Tu es sûr qu’il m’accepteront comme ta femme ? Je suivrai votre religion, si je serai appelée à vivre là bas.
- Ça m’est égal.
- Tu as de la famille ? Papa ? Maman ? Tu as des frères et des sœurs ?
- Oui j’ai un papa et une maman et un frère et une sœur.
- Que fait ton papa ? Chéri, puisque tu ne bois pas le vin, je t’ai ramené une bouteille d’eau tonique ? Va la chercher. Elle est dans le frigidaire. Attention à la chaise! Ne la pousse pas, les voisins n’aiment pas être dérangés. Déjà comme ça, ils me cherchent la petite bête. Ils sont jaloux de moi. Ils m’envient. Oui ils m’envient. Ce n’est pas qu’ils sont méchants. Mais c’est l’envie.
- Mais tu es pauvre!
- Chéri prend aussi un peu de yaourt. Certes, je suis pauvre, mais les gens ne me pardonneront jamais d’avoir un appartement aussi propre, aussi spacieux et aussi calme que le mien.
- Tu appelles spacieuses ces deux pièces minuscules et encombrées de vieux meubles sans goût ni valeur, mais est-ce que ça change quelque chose dans les habitudes de l’homme de traiter son proche ?
- Qu’est-ce que tu rumines ? Tu n’as pas le courage de parler haut et fort ?
- Non, rien. Tu veux le yaourt, toi aussi Francesa, Françoise ?
- Non, merci. J’en prendrai après. Viens manger avant que ça ne se refroidisse. Je disais donc… mon Dieu, cette amnésie ! j’oublie toujours ! Qu’est ce que j’étais en train de dire ?
- Ton appartement est aussi spacieux, aussi…
- Ah, merci. Tu vois que la compagnie fait revenir aussi la mémoire à ceux qui la perdent ? Ces braves voisins pensent - pas tous, bien sûr - que je suis une pute qui invite les gens de toute race et de toute classe à passer la nuit avec moi. Ils me calomnient et ils m’envient parce qu’ils ne sont pas aussi fortunés que moi ? ils considèrent ma solitude comme de la fortune. Dieu seul sait si je n’ai pas souffert et si je ne suis pas en train de souffrir encore ! D…
- Sèche tes larmes Francesca. La vie entière ne vaut pas la peine qu’on l’arrose ne serait-ce que d’une seule larme. Ne parle plus de souffrances.
- Goûte un peu du poulet.
- Non.
- Essaie-le. N’en aies pas peur. Il ne va pas te manger… tout de même !
- J’ai dit non. Tu veux un morceau de fromage ?
- Non merci. Il ne fait qu’engraisser. Tu ne vois pas que déjà comme ça je suis un peu grasse ? Mais tu m’aimeras quand même ?
- Bien sûr.
- Moi je vais m’étendre un peu. Quand tu auras fini, met toute la vaisselle dans le lavabo et viens auprès de moi. Ne me laisse pas seule, Gaber, je t’en prie.
- Entendu.
- Apporte-moi un de ces bonbons à la menthe. Prends-en un toi aussi, car ta bouche pue. Tu as sûrement une dent défectueuse.
- C’est vrai.
- Gaber, as-tu éteint le gaz ?
- Oui.
- Tu es un amour. Viens un peu près de moi. Que je sente ton odeur, ton haleine. Mais pourquoi te déshabilles-tu ? Il n’est pas question de faire l’amour cette nuit.
- Tranquilla ! Moi, je veille à ce que tes vœux soient exaucés.
- Remets ton pantalon.
- Tu veux vraiment que je le remette ?
- Non, laisse tomber. On plutôt mets le short. Voilà! Viens… caresse-moi… suce-moi… lèche-moi... Comme ça… oui continue… Aie ! Mais quand est-ce que tu apprendras à faire l’amour ?
- N’as-tu pas dit qu’il n’en était pas question pour cette nuit ?
- Oui. Enlève ta main. Obsédé, va !
- C’est plus fort que moi.
- Fais comme moi. Essaie de te retenir.
- Je ne suis pas comme toi. Les hommes ne sont pas comme les femmes.
- Pourquoi ? Qu’est-ce que tu as contre la femme ?
- Rien. Sinon qu’elles sont frigides.
- Toutes les femmes ?
- Oui. Du moins c’est ce que je pense. Sinon, pourquoi peuvent-elles se passer facilement d’une telle jouissance, surtout quand l’occasion se présente ? Regarde par exemple les hommes, jusqu’à présent, ils étaient toujours les meneurs dans l'histoire du genre humain. Quant à la femme, elle est restée à la traîne parce que tout simplement elle ne connaissait pas une telle volupté. Elle sera plus moderne au fur et à mesure qu’elle découvrira le plaisir.
- Tu es bizarre avec tes idées misogynes. D’ailleurs il suffit de jeter un regard sur les misères du pays d’où tu as été craché !
- Je ne suis pas misogyne. Je cherche à comprendre.
- Tu parles trop.
- Attends un peu. Cela ne veut pas dire que la femme n’a pas un quelque « terrain de chasse ». - Quel est cet avantage, Monsieur le misogyne ?
- Elle cherche à plaire à l’homme pour le dominer. Pour cela elle est capable de commettre des folies. A commencer par l’artificialité et le fard. Elle est une excellente comédienne. Elle est intelligente aussi. Mais elle est faible. Quand elle a compris qu’elle a besoin de son frère, elle s’est mise à l’observer, à étudier sa psychologie, sa nature, ce qu’il désire et ce qu’il fuit...
- Et voilà que Monsieur prétend connaître quelque chose sur les femmes. Tu ne sais même pas faire l’amour. Tu es grossier et ignorant… heureusement pour vous qu’il y a mère-Nature. Ou plutôt que tu es un homosexuel. Qui sait ?
- Chapeau ! Au fond je ne sais plus quoi dire. Les femmes pour moi sont l’énigme des énigmes. Quant à l’amour, je suis ici pour l’apprendre. En plus c’est la preuve par neuf de ma virginité.
- A quelle heure tu te veux te lever le matin ?
- Tu as sommeil ? Je te laisse dormir…
- Tu peux passer la nuit dans mon lit. Fais comme tu veux. Tu es chez toi. Ne sommes-nous pas déjà mari et femme ?
- Pourquoi alors tu as refusé de faire l’amour ?
- Mais je n’ai pas refusé, stupide. J’ai dit qu’il vaut mieux le faire demain matin, après une nuit de sommeil et de repos. Et puis, demain je dois prendre ma douche écossaise. Tu m’aideras, Gaber, n’est ce pas ? Puis nous devons aller à la mairie. Et si les choses vont bien, j’aviserai mon fils.
- Et moi je téléphonerai aux miens.
- Bonne nuit trésor. Ton lit est déjà préparé.
- Bonne nuit, chérie. Fais de beaux rêves.

- Gaber, réveille-toi.
- Bonjour Francesca. Quelle heure est-il ?
- 6 heures. J’ai préparé le café.
- Je viens tout de suite.
- Non, reste. Je te l’apporte dans ton lit. Tu as bien dormi?
- comme si comme ça.
- Qu’est ce qu’il te tracasse, mon chéri ? Tiens, voilà le café.
- Merci.
- Je t’en prie. Je reconnais qu’il n’est pas aussi fort que le tien, mais tout de même, c’est un café.
- Il est excellent.
- Pousse-toi un peu, je vais m’étendre simplement.
- Tu veux faire l’amour. Avoue-le.
- Pourquoi pas ? Tu n’es pas d’accord ? Je te l’ai promis hier soir, non ?
- Je t’aime pour ça.
- Ah les hommes! Vous êtes tous égoïstes ! Vous ne pensez qu’à vo¬tre plaisir; comme le père de mon fils, comme mon fils qui m’a laissée tomber pour une française, comme toi qui ne penses qu’à jouir de moi.
- L’amour est l’unique consolation qui nous soit accordée dans ce monde hostile.
- Et voilà qu’il recommence à philosopher ! Qu’il est étroit ce lit! Viens dans le mien.
- J’arrive.
- Viens… Donne-moi la main, fiston. Là au moins il y a un peu d’espace pour manœuvrer. Débarrasse-toi de ton short.
- Enlève-le toi-même, ça me fait un plaisir de folie.
- Mais pour qui tu te prends ? Tu n’es pas le Bey de ta Constanti¬ne, tout de même !
- En ce moment je suis plus que le Bey de ma Constantine et plus que le Jules César de ta Rome antique !
- Moi j’aime les grands hommes. Les hommes forts, ça protège. Ça donne de la sécurité.
- Je t’aime.
- Caresse-moi. Quelle douceur ! Je t’aime. Ah que deviendra ma vie sans toi ? Oui. Continue.
Ahh, Oui. Continue. Chéri. Ahh…

- Gaber, tu es fatigué ? Tu veux dormir encore un peu ?
- Oui. Je n’ai pas dormi de la nuit. Puis il n’est pas encore 8 heures du matin.
- Mais moi je dois prendre ma douche. Nous devons aussi nous rendre à la mairie.
- Je veux dormir encore un peu entre tes bras.
- Dors mon chéri, dors. Tu as raison, il n’est pas encore temps.
- J’ai sommeil. Je veux me reposer. Ahh.
- Oui dors mais pas dans mes bras car moi je vais préparer mon bain. Gaber! Qu’est qu’on mange pour le déjeuner?
- Moi je ne mangerai pas ici. Je dois aller travailler.
- Tu travailles donc ?
- Je travaille sur mon livre.
- Tu appelles ça travailler ?
- C’est une occupation, non ?
- Viens, Gaber, aide-moi à placer le tuyau au robinet. Moi je vais chercher la bassine.
- Le robinet est carré et le tuyau est rond. Comment, diable sera-t-il possible de les embouter ?
- Tu ne réussis pas? J’ai une idée : pendant que moi je me lave, toi tu maintiens les extrémités bout à bout.
- C’est une solution fatigante et pas géniale, mais c’est une solution quand même.
- Je ne serais pas longue.
- Vas-y
- Tu es un ange.
- Vraiment ? Mais ! Qu’est-ce que tu fais ?
- Pipi. Ha, ha, ha.
- Dans la bassine ? et tu ris en plus ! dans l’eau avec laquelle tu vas te laver ensuite ?
- Et après ?!
- Tu es folle ?
- Folle ? Tu oses me traiter de folle ? Mais, toi quand tu as craché au lavabo, je ne t’ai pas jugé. Et puis, je suis ici chez moi. Je fais tout ce que bon me semble, et personne n’a aucun droit de me dicter comment je dois me conduire. Folle ! En voilà des manières de traiter le gens chez eux !
- C’est inconcevable !
- En quoi ça te regarde? Ce ne sont pas tes oignons. Je peux, si je le veux, faire pipi ou popo dans mon lit, sur ma bibliothèque, su ma table ou sur le parterre. Personne n’a aucun droit de m’en empêcher. Passe-moi la serviette s’il te plait. Ah comme je me sens mieux !
- Tu as déjà terminé ?
- Je ne vais pas m’éterniser dans un bain, tout de même !
- Mais, au moins rince-toi les parties que tu as…
- Encore ?! Passe-moi la serviette, et tais-toi si tu veux que nous restions amis. Et puis ma pisse est saine. Je ne suis pas malade.
- Puisque tu es chez toi, tu dois sûrement être saine. Voilà la serviette.
- Merci. Maintenant je me sens bien, se reposer, manger, faire l’amour, faire une douche, n’est-ce pas la belle vie ?
- Non.
- Pourquoi tu es ici alors, si ce n’est pas une belle vie que tu y as trouvé ? Cela prouve au moins que vivre ici vaut mieux que vi¬vre chez vous. Si ça ne te fait pas plaisir, décampe d’ici, ingrat !
- C’est facile. Je m’en vais à l’instant.
- Tu quittes l’Italie ?
- Non, l’Italie n’est pas ta propriété privée. Où est mon pantalon ?
- Tu es sérieux ?
- Je suis toujours sérieux.
- Ne me quitte pas… Gaber. Approche-toi un peu. Oh chéri, pardonne-moi. Je n’avais pas l’inten-tion de t’offenser. Mais je suis comme ça. Je souffre, Gaber. Je suis vieille, malade, seule, pauvre, laide. J’ai besoin au moins d’un soutien moral. Tu m’épouseras, n’est-ce pas ?
- Où est mon pantalon ?
- Je t’en supplie Gaber. Pardonne-moi. Ne t’en vas pas. Je ne parlerai plus des sujets qui te feront mal.
- Ça va. Je reste.
- Tu m’as pardonnée ?
- Bien sûr, car je t’aime et je suis homme, surtout. Sortons.
- Gaber, bon cœur, quand je serai ta femme, je ne parlerai pas a¬vec les hommes étrangers. Toi aussi, tu ne parleras pas avec les femmes. Surtout avec la voisine. Elle est vraiment une chasseuse d’homme. J’irai aussi quelques fois à l’église mais rarement. Je suis une bonne chrétienne, moi. Tu ne m’en empêche¬ras pas de m’y rendre, n’est-ce pas ?
- Tu pourras même passer la nuit à l’église si ça te chante.
- Tu es vraiment un ange. Mon Dieu, pourquoi est-ce que je ne t’ai pas connu avant ça ? Pourquoi?
- Pour la simple raison qu’alors, il n’était pas encore temps.
- Tu m’as dit que tu m’avais vue avant ça. Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas fait un signe ?
- Je ne te connaissais pas alors.
- C’est curieux ou du moins je ne me souviens pas t’avoir remarqué.
- Les femmes n’aiment pas se montrer en besoin. C’est pourquoi elles semblent faire les précieuses. Ou plutôt elles remarquent mais elles ne s’en souviennent pas.
- Qu’as-tu pensé de moi, la première fois quand tu m’as vue ?
- J’avais dit: « Voilà une femme, un peu fofolle, mais charmante et belle malgré l’âge. »
- 50 ans ce n’est pas méchant comme âge. Si tu restes avec moi, je n’aurai plus de chagrins. Je recouvrai ma santé par la même occasion. Sans chagrins, je deviendrai plus belle encore. Je me teindrai les cheveux en noir. Dis-moi, Gaber, que tu veux vraiment m’épouser.
- Bien sûr, voyons!
- Hummm!

Sortant de la mairie.


- As-tu vu, Francesca? C’est plus simple de se marier à la mairie qu’à l’église.
- Ne dis pas des sottises.
- Je ne blasphème pas. Mais je veux dire que la mairie ne m’a pas posé la condition d’être chrétien ou de changer ma religion.
- Ne pense plus à ça.
- D’accord.
- Maintenant je dois te quitter.
- Quand est-ce que nous nous reverrons pour la prochaine fois ?
- Dès que je reçois le nulla osta.
- Tu es sûr que les tiens seront d’accord avec toi et t’enverront le Papier ?
- Je le souhaite plutôt.
- Mais toi tu es un écrivain, un libre penseur. Tu ne vas pas te laisser influencer par les autres. Tu peux te passer de leurs avis s’ils refusent.
- Moi, avant d’être moi, j’appartiens à une culture que j’ai le sacré devoir de respecter et d’honorer, parfois, même au détriment de mon bonheur propre. Ceci dit je ne crois pas que mes pa¬rents me refusent le mariage avec une chrétienne pourvu que...
- Pourvu que?
- pourvu que je ne le fasse pas suivant le rite chrétien.
- Il faut des concessions parfois.
- Ce conseil est valable aussi pour toi.
- Donc, nous devons nous quitter, pour l’instant ?
- Malheureusement, oui. Voilà le tram qui arrive. Prépare-toi. A la semaine prochaine donc.
- Une bise, Gaber.
- Humm-mah ! Au revoir. Porte-toi bien.
- N’oublie pas de venir me voir. Nous resterons amis, même si vos parents me refuseront comme épouse pour leur fils.
- Il restera le problème de ton fils.
- Mais qu’est ce que tu racontes? Si je le mets au courant c’est uniquement pour information.
- Ciao.
- Ciao.

-------------

- Allo.
- Allo. Oui!
- Francesca?
- Oui. Qui est à l’appareil ? Ah, Gaber, c’est toi… Comment vas-tu ?
- Bien et toi ? - Je suis un peu fatiguée. Pourquoi tu n’es pas venu ? J’ai des choses très intéressantes à te raconter.
- Moi aussi, figure-toi. Mais j’ai préféré le téléphone. J’entends du bruit, tu n’es pas seule ?
- Je suis avec mon fils. Rien que pour cela je te serais reconnaissante le restant de mes jour. Adieu et prend soin de toi, fiston.
- Adieu.

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(ISSN 1824-6648)

Abdelmalek Smari: il poeta della liberta'

A cura di raffaele taddeo

 

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Anno 9, Numero 36
June 2012

 

 

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